Comédies sans humour, webcam, série B et soleil noir norvégien : les films vus en avril 2012

Je passe mon tour !

2 Days In New York ou quand Julie Delpy cherche désespérément à se WoodyAlleniser en utilisant les ingrédients les plus indigestes du réalisateur de Midnight in Paris. Après 2 Days In Paris sorti en 2007, on retrouve la photographe française Marion (Julie Delpy) installée à New York avec son nouveau compagnon Mingus (Chris Rock), animateur de radio. Auprès de leurs enfants issus de leurs relations passées, ils accueillent la famille de Marion, véritable invasion barbare : Jeannot (le père de Marion interprété par le père de la réalisatrice, Albert Delpy), Rose (la sœur de l’héroïne, jouée par Alexia Landeau) et son petit-ami Manu (Alexandre Nahon). Bien évidemment, on imagine le choc des cultures et les malaises issus de cette rencontre insolite. Malheureusement, l’ensemble m’a paru très rapidement insupportable car trop bavard, trop gros, trop cliché, trop copié-collé. Je n’arrive toujours pas à comprendre l’origine exacte de l’engouement général pour ce film grotesque sans scénario, qui m’a tout simplement paru navrant de facilité, comme une sitcom sur grand écran dont le moteur serait l’hystérie féminine : épuisant et sans intérêt.

Plan de table de Christelle Raynal ou comment des films aussi nuls peuvent actuellement trouver un financement ? On touche le fond avec cette comédie romantique vraiment pas drôle et sans rythme aucun, dont « l’intrigue » repose sur un jeu d’identité pour tenter de tromper le spectateur au premier abord. Un mariage, des ébats amoureux sur la table des mariés, des cartons qui tombent et sont replacés sur la table de manière aléatoire et c’est le moment de découvrir ce que vont bien pouvoir se raconter les fameux invités… Là encore, caricatures, clichés, humour bidon, personnages prise de tête, absence de construction, comédiens qui n’y croient pas eux-mêmes (Elsa Zylberstein, Franck Dubosc, Audrey Lamy) sont le piètre résultat de ce premier film navet.

oui / NON

Aux yeux de tous, un thriller français à la sauce Big Brother de Cédric Jimenez. Au départ, un défi : (presque) tous les plans de ce film sont issus de vidéos de caméras surveillance et autres webcams. Un hacker « Anonymous » a piraté toutes les caméras et webcams de Paris et suit les faits et gestes de la population, observant les délits en les dénonçant de manière anonyme… Son quotidien prend un nouveau tournant lorsqu’il réussit à accéder aux vidéos de surveillance de la gare d’Austerlitz montrant les deux véritables coupables d’un attentat meurtrier (un jeune couple, Sam et Nora) alors que tout semble accuser (une nouvelle fois) un groupe satellite d’Al-Qaïda. Il décide alors de les suivre « en direct » en leur envoyant des messages leur prouvant qu’au moins une personne connaît la vérité. Mais Sam (Olivier Barthelemy) et Nora (Mélanie Doutey) ne sont que des marionnettes agissant pour le compte d’un homme puissant. Dans cet engrenage de violences, le hacker/voyeur ne peut plus confondre sphère virtuelle et monde réel. L’idée de départ, forte et originale, ainsi que les scènes d’action musclées sont malheureusement grignotées par le concept même du film ou sa forme, car le procédé cinématographique utilisé ici devient trop rapidement répétitif voire même fatigant. Autre bémol : le jeu de la plupart des acteurs sonne souvent faux. Malgré tout, Cédric Jimenez est peut-être un jeune réalisateur à suivre…

Twixt de Francis Ford Coppola ou quand le réalisateur de Tetro (2009) joue une nouvelle partition très personnelle et onirique en noir et blanc dans un format plutôt proche de la série B d’épouvante… Twixt est l’histoire d’un vrai loser, Hall Baltimore (Val Kilmer), écrivain alcoolique et dépressif sur le déclin, autrefois reconnu pour ses romans de sorcellerie. Tenu à la gorge par sa femme et son éditeur, il fait la difficile promotion de son dernier roman dans un village paumé au fin fond des États-Unis. Le shérif Bobby LaGrange (Bruce Dern) l’entraîne dans une histoire bizarre de meurtre de jeune fille qui finit forcément par l’inspirer, alors qu’au cœur de ses rêves, il rencontre une étrange jeune figure féminine sous des airs de « fantôme gothique », se prénommant « V » (Elle Fanning). L’atmosphère angoissante du village et les délires du shérif finissent par nourrir l’imagination de l’écrivain tout en l’entraînant au cœur de son propre subconscient où un secret l’attend depuis quelques années, à travers une autre rencontre féérique et révélatrice, celle d’Edgar Allan Poe (Ben Chaplin). Cette autofiction mélancolique est finalement une retranscription cinématographique touchante de l’évolution psychique du réalisateur à un moment de sa vie où il dû faire le deuil d’un enfant. L’ensemble tente d’imiter les aspects visuels des rêves et le résultat est certes aussi décousu que nos visions oniriques. C’est sans doute aussi pour cette même raison qu’il est bien difficile d’accrocher à 100%…

Lente, lente dépression

Oslo, 31 Août du réalisateur norvégien Joachim Trier est sans nul doute la perle noire d’avril 2012. J’avais déjà été bluffée par Nouvelle donne/Reprise du même réalisateur, sorti sur nos écrans en 2008. Cette fois-ci, Joachim Trier a choisi d’offrir son adaptation du Feu follet de Drieu La Rochelle, 50 ans après le célèbre film de Louis Malle avec Maurice Ronet. Pour interpréter le personnage principal, le réalisateur norvégien a une nouvelle fois fait appel à son acteur fétiche, le talentueux Anders Danielsen Lie. A Oslo, le 31 août, Anders quitte temporairement le centre de désintoxication pour se rendre en ville pour un entretien d’embauche aux éditions Folio. Il décide de renouer avec quelques-uns de ses proches. Chaque contact est une douleur pour ce jeune homme doué d’une sensibilité et d’une intelligence à fleur de peau et les rencontres sont autant de questions qui se posent en vue d’un possible retour à la vie. En contre-partie, aucun de ces êtres qui l’approchent ne semblent pleinement rassurés par l’existence ici-bas. De la même manière que l’on retient son souffle durant tout le film, dans une tension croissante quasi viscérale, il est difficile de parler de ce genre d’ »œuvre au noir » tant on touche là au nerf sensible de la mélancolie, dont savent si bien parler auteurs et réalisateurs scandinaves… (A lire absolument, le bel article de Liten Blomma sur le même sujet).

16 réflexions sur “Comédies sans humour, webcam, série B et soleil noir norvégien : les films vus en avril 2012

  1. Tu vas me trouver cruelle mais j’aime beaucoup quand tu vas voir des navets car tes critiques n’en sont que plus drôles 🙂
    Très beau billet une fois de plus Le chat !

  2. engouement général pour 2 days in NY? au contraire sur la toile, il a été énormément lynché de part et d’autres…je suis pratiquement le seul à l’avoir défendu et je persiste et signe : j’adore ce film ( pour une fois que j’aime pas que les trucs super tristes)…et je ne peux te suivre sur cette phrase : »en utilisant les ingrédients les plus indigestes du réalisateur de Midnight in Paris ». car Woody Allen est un de mes réals préférés et il n’use jamais d’ingrédients indigestes :o)
    Oslo 31 aout, je l’ai raté, mais je le regrette: je pense que j’aurais adoré, meme si les critiques du Cercle l’avaient, à la surprise générale, assassiné en règle…
    bon du coup on ne se retrouve pas encore là dessus, mais ce soir dans qq minutes, on devrait pousser le meme cri de victoire au meme moment
    bonne soirée à toi :o)

    • euhhhh à propos de ta dernière phrase permet-moi de te dire qu’il ne faut jamais être aussi sur de soi à propos des opinions politiques des autres. Merci.

    • « ce soir dans qq minutes, on devrait pousser le meme cri de victoire au meme moment »……

      Risible personnage que vous êtes !

  3. effectivement le chat qq heures après, je me suis aperçu de mon erreur et me suis dit que j’avais mis cette phrase en trop…en fait je t’avouerai que c’est ton inclinaison pour Alévèque qui m’ait induit en erreur, j’ai été assez sur le cul je t’avouerai :o)… comme quoi il ne faut avoir trop de certitude, c’est un belle erreur de ma part je le concède :o)
    par contre , j’aimerais dire un mot à cette liten blomma que je connais pas : je ne vous permets absolument pas de me manquer de respect à ce point car hélas pour le coup, vous ne me faites pas beaucoup rire…

  4. Oui, Super Rebelle est en effet bien de gauche mais l’humour (et le bon humour, perspicace et attachant) n’a semble-t-il pas de couleur politique ! Allez, sans rancune !

  5. mince alors : moi qui croyais que les gens de droite n’avaient aucun humour..;si toutes mes illusions s’effondrent alors :o) dire que j’ai jamais pu rire à un show de Laurent Gerra c vrai qu’on est sectaire nous autre gauchiste…et madame blomma pas la peine de me clouer au pilori, je le fais moi meme :o) bonne soirée…et sans rancune, évidemment…

    • En définitive, de tels propos vous trahissent, cher Monsieur (vous et votre petitesse d’esprit), et en disent long sur la clairvoyance que vous mettez dans vos interventions ! Que deviendriez-vous, intellectuellement, moralement, sans ce recours au brocard et au sarcasme (tant ce que vous écrivez ici me semble naïf et, pardon de le dire, bête) ? Tout bien considéré, ne dit-on pas que les esprits simples aiment les idées simples ? Aussi ne changez rien, vous êtes parfait.

      Une chose encore :  » je ne vous permets absolument pas de me manquer de respect à ce point » (écrivez-vous). Votre petite personne ne m’intéresse guère, soyez-en assuré ! Et, au risque d’apparaître cruelle, sachez que je ne vous aime ni ne vous hais ! Car, pour l’heure, vous n’êtes rien, si ce n’est ridicule et inutile. Risible. Ce sera mon dernier mot.

  6. Le cinéma scandinave est connu pour être une ôde au monde sous toutes ses coutures. Oslo, 31 août en est une belle démonstration

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