Gustave Moreau, Maître sorcier

‘La maison de Gustave Moreau maintenant qu’il est mort va devenir un musée. C’est ce qui doit être. (…) Sa maison était déjà presque un musée, sa personne n’était presque plus que le lieu où s’accomplissait une oeuvre.’ Marcel Proust, ‘Notes sur le monde mystérieux de Gustave Moreau’, Nouveaux Mélanges, Paris, éd. posth., 1954.

C’est au 14, rue de la Rochefoucauld que l’on découvre le musée Gustave Moreau, installé par l’artiste à partir de 1896 dans sa propre maison.
Au premier étage se trouvent les pièces occupées par le maître du Symbolisme français pendant 51 ans : un bureau contenant quelques bizarreries rapportées de voyages en Italie et plusieurs copies de très grande qualité réalisées lors de ses années d’apprentissage. De toutes petites pièces, une salle à manger, une chambre décorée telle un arbre généalogique géant, un boudoir dédié au souvenir de ses parents et de son amie Alexandrine Dureux, puis un premier escalier nous conduit dans une immense salle d’exposition, anciennement ses ateliers.

L’impression est soudaine et écrasante puisque des dizaines de tableaux de très grands formats sont accrochés les uns à côté des autres, depuis le sol jusqu’au plafond. Un superbe escalier en spirales conduit vers une seconde grande salle agencée de la même façon. Enfin, des centaines de croquis sont présentés sur des panneaux amovibles tels d’immenses livres contenant de très nombreux petits dessins préparatoires.

Oedipe et le Sphinx

Cette visite insolite nous plonge littéralement dans le monde fantastique du peintre d’Orphée, Salomé, Hercule et Omphale, Jupiter et Sémélé, Oedipe et le Sphinx… toutes ces figures mythologiques revisitées de manière audacieuse et magique. Les personnages vivent au coeur de compositions chargées d’éléments orientaux et s’animent sous l’ajout de traits à la plume réhaussants toujours le caractère de chacun.

Salomé

‘La découverte du musée Gustave Moreau, quand j’avais seize ans, a conditionné pour toujours ma façon d’aimer. La beauté, l’amour, c’est là que j’en ai eu la révélation à travers quelques visages, quelques poses de femmes. Le ‘type’ de ces femmes m’a probablement caché tous les autres : ç’a été l’envoûtement complet. Les mythes, ici réattisés comme nulle part ailleurs, ont dû jouer. Cette femme qui, presque sans changer d’aspect, est tour à tour Salomé, Hélène, Dalila, la Chimère, Sémélé, s’impose comme leur incarnation indistincte. Elle tire d’eux son prestige et fixe ainsi ses traits dans l’éternel (…)’.
André Breton, Le Surréalisme et la peinture, Paris, 1961.

En savoir plus sur ‘l’ouvrier assembleur de rêves‘ ?

Musée Gustave Moreau, 14 rue de la Rochefoucauld, 75009 Paris.
Un bel article consacré à Gustave Moreau : blog de Luzycalor, Le monde de ma fenêtre.
Joris-Karl Huysmans, A Rebours, Folio Gallimard.
Gustave Moreau, Maître sorcier, Geneviève Lacambre, Découvertes Gallimard.

8 réflexions sur “Gustave Moreau, Maître sorcier

  1. Ouahh le bel article, et là honte pour moi de n’avoir jamais visité ce lieux. Oubli qui devrait être maintenant très vite réparé.

    Merci

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  4. J’aime beaucoup Gustave Moreau. Lorsque j’ai vécu à Paris, je suis allé plusieurs fois visiter sa maison-musée où je me sentais chez moi. J’avais l’impression qu’il allait arriver avec sa palette, déboucher de l’escalier en colimaçon… C’est très chouette d’avoir pu garder cette atmosphère. C’était un peintre fabuleux, avec lequel je me sens en résonance. Merci pour cet article.

    • Merci ! oui ses tableaux exposés au Musée d’Orsay sont aussi majestueux… Vous avez raison, ses dessins, ses tableaux, tout son art nous transporte dans de lointaines contrées…

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