Rétrospective Louis Malle : Atlantic City (1980)

Second Louis Malle à l’Institut Lumière de Lyon pour moi, second choc ! Après Le Feu follet (1963), j’ai fait un grand saut spatio-temporel pour me retrouver en 1980 aux Etats-Unis, plus précisément, à Atlantic City, période américaine pour notre réalisateur français Louis Malle (1932-1995).

Louis Malle est en exil aux Etats-Unis depuis les deux polémiques soulevées par ses films Le Souffle au coeur (1971) et Lacombe Lucien (1974). En 1978, il tourne le saisissant La Petite (Pretty Baby) à la Nouvelle-Orléans avec Susan Sarandon, Brooke Shields et Keith Carradine. Deux ans plus tard, il retrouve sa « muse américaine » Susan Sarandon pour Atlantic City, accompagnée du « lion » Burt Lancaster (67 ans à l’époque) et de Michel Piccoli.

Atlantic City est une station balnéaire située sur la Côte Est des Etats-Unis (New Jersey), véritable poumon d’air pour Philadelphie (à 80 kms). La caméra de Louis Malle nous montre alors les transformations physiques douloureuses que subit cette ville à l’orée des années 80 : la municipalité souhaite désormais en faire un mini Las Vegas et des dizaines de casinos pullulent, en parallèle à la destruction d’anciens immeubles somptueux de style art déco. En contrepartie, la population reconnaît l’envers du décor, des jeux d’argents & autres machines à sous : la ville et ses banlieues sont en proie à la misère, la mafia, le trafic de drogues et le chômage.

Plusieurs destinées se croisent dans Atlantic City, dans un maillage parfait d’intrigues : Lou (Burt Lancaster) est un ancien truand de l’époque de la prohibition à la retraite. Il vit au deuxième étage d’un immeuble miteux, s’occupant de Grace (Kate Reid), une vieille poupée toute défraîchie hypocondriaque, qui elle, vit au rez-de-chaussée avec son caniche. À la nuit tombée, Lou, bien caché derrière les stores de sa fenêtre, observe attentivement sa voisine de palier Sally (Susan Sarandon) qui se lave chaque soir de manière sensuelle à l’eau savonneuse et au jus de citron. La petite vie de ce trio vivant plus ou moins sous le même toit bascule le jour où débarquent l’ex-mari de Sally, Dave Matthews (Robert Joy), et sa soeur Chrissie (Hollis McLaren) qu’il a mise enceinte. Ces deux-là forment l’élément perturbateur « sous acide » qui plongera tout ce petit monde dans une histoire de trafic de drogue dans laquelle Lou retrouvera une « légitimité » dans le milieu qu’il n’a jamais eue – et une seconde jeunesse par son histoire d’amour avec Sally…

Ce film de Louis Malle est passionnant et étonnant de richesse… Sa vision de ce « Coney Island » version casinos est d’une sincérité désarmante : tous les personnages possèdent une épaisseur de psyché certaine, prouvant ainsi sa maîtrise et son aisance à diriger des acteurs américains. Louis Malle nous donne à voir une Amérique brute, non édulcorée, réelle et extrêmement touchante malgré la corruption des personnages… un traitement proche de celui proposé dans Pretty Baby lorsqu’il abordait le délicat sujet des maisons closes et de la prostitution des fillettes de 12 ans à la Nouvelle-Orléans.

6 réflexions sur “Rétrospective Louis Malle : Atlantic City (1980)

  1. Tes deux derniers articles sur Louis Malle me donne très envie de m’intéresser à ce réalisateur. Même si en ce moment je ne suis plus sur Lyon tu m’as vraiment convaincue d’essayer d’aller à la rétrospective, malheureusement comme elle finit le 5 juin je ne sais pas encore si je pourrai.
    Enfin j’essayerai !

    Merci beaucoup pour cet article très bien écrit.
    Ah, et j’aime le nouveau design. 😉

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