« Länge Leve August ! » (centenaire de la mort d’August Strindberg)

August Strindberg

22 janvier 1849 – 14 mai 1912

Voici ce que nous dit La Fille d’Indra, à la toute fin du Songe (Ett Drömspel)

C’est l’heure de nous dire adieu, la fin approche ;
Adieu rêveur, enfant des hommes,
Adieu poète, qui mieux que tous sais vivre ;
Tu flottes sur tes ailes au-dessus de la terre,
Si tu plonges dans la boue,
Tu la frôles seulement,
Sans jamais t’enfoncer !
Maintenant je m’en vais…
Quand vient l’heure de l’adieu,
A un ami ou à endroit cher,
Quel regret on sent de ce qu’on a aimé,
Et quel remords de ce qu’on a mal fait…
Oh ! maintenant je connais tout votre mal de vivre.
Je connais maintenant ce que c’est que d’être homme – – –
On a même le regret de ce qu’on aimait pas
Et le remords de crimes que l’on n’a pas commis…
On veut partir et on veut rester…
On a le cœur arraché,
On est écartelé,
On se sent déchiré par
La contradiction, l’irrésolution, la dissension…
Adieu ! Dis à tes frères et sœurs
Que je ne les oublierai pas, là où je vais.
Dis-leur que je vais porter leur plainte,
En ton nom, au pied du trône.
Car, les hommes font pitié !
Adieu !

Elle entre dans le château. On entend de la musique. Le château prend feu. Les flammes éclairent la toile de fond, une marée de visages humains interrogateurs, affligés, désespérés… pendant que le château brûle, le bouton de fleur sur le toit s’ouvre, un chrysanthème géant éclot.

8 réflexions sur “« Länge Leve August ! » (centenaire de la mort d’August Strindberg)

  1. Très beau titre, et excellent choix pour honorer ce jubilé !
    Quelque chose me disait que tu allais te manifester au sujet de ce centenaire ! Après tout, ne t’ai-je pas connue à une époque où tu te faisais appeler « Röda Rummet » ? 4 ans déjà… 😉

    Au fait, dans l’émission télé que tu as peut-être regardée il est notamment indiqué que Mankell et Enquist publient ces temps-ci deux ouvrages (des essais) portant sur des textes de Strindberg (j’en ignore encore le contenu). Etant donné leur aura, leur importance, y compris en France (je songe surtout au second), il y a de fortes chances pour que leurs ouvrages soient traduits un jour ou l’autre (au moins, le fera-t-on parce que c’est Strindberg qui importe). Ca nous changera à coup sûr des théories de Madame Jospin, si tu vois ce que je veux dire ! 😉

    Länge Leve August !
    Une bise.

    • 4 ans ??! bon c’est pas énorme par rapport à 100 ! 🙂 Alors j’ai « essayé » d’opter pour une photo plutôt « guillerette » pour fêter cet événement : pas facile, tu en conviens, connaissant le modèle, expert en bonne humeur…
      A propos de l’émission en suédois, je n’ai pas compris de quel livre il s’agissait concernant Henning Mankell et j’ai cru que pour Per Olov Enquist, il s’agissait d’une réédition de « Strindberg, une vie » de 1984. Qu’en penses-tu ? Quoi qu’il en soit, notre chère « Sylviane A. » continue de surfer sur la vague du drame des sexes (je ne sais plus où je l’ai vue dernièrement…).

  2. Celui de Mankell s’appelle « Lögnhalsarna. Nio enaktare om Strindberg » et concernant Enquist, tu as raison, bien vu, c’est effectivement une réédition mais je me demande si son livre n’a pas été revu et augmenté pour l’occasion (« Tribadernas natt. Målet mot fröken Julie »).

    Elle est superbe, cette photo ! 😉
    Il y en a une autre que j’aime beaucoup, c’est celle où on le voit à la fenêtre d’une maison, cigarette à la main, avec ses enfants – Hans, Greta et Karin (une époque où tout ce petit monde vivait en Suisse, à Gersau). Et puis une autre aussi, assez insolite, où il sert le café à des amis : il est au second plan – car au premier se trouvent Harriet Bosse et leur fille Anne-Marie.

    4 –> 100 ans.
    On a encore du chemin à parcourir, je ne te le fais pas dire 😉

    A bientôt !

  3. Ah, mon illustre jumeau 🙂
    J’ai vu une mise en scène du Songe par Lars Norén il y a quelques années au Dramaten et je trouve judicieux d’avoir choisi ce texte pour illustrer le centenaire de sa disparition.
    Bon, on se boit une dernière absinthe pour le célébrer?

    • J’espère voir Le Songe un jour aussi !! quel texte magnifique et quelle imagination débordante… Images et symboles sont superbes.

  4. Magnifique extrait, vous êtes à la hauteur de l’évènement… Au niveau de l’édition, cela semble un peu pauvre, la pléiade aurait pu faire un effort, sauf erreur de notre part il ne semble pas faire partie de la collection!!!!

    • et oui, pauvre August, Ibsen est en Pléiade, il ne doit pas s’en remettre.
      Côté publications en France, il y aura normalement le 3e tome de sa correspondance chez Zulma (1894-1912)…

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