Rétrospective Hitchcock : Frenzy (1972)

Premier film présenté lors de la rétrospective Alfred Hitchcock à l’Institut Lumière de Lyon, Frenzy est surtout le dernier long-métrage britannique du réalisateur (1972).

Frenzy (qui signifie délire, frénésie et inspirera à Roman Polanski son Frantic en 1988) est un thriller mettant en scène un maniaque sexuel qui étrangle les femmes avec sa cravate. Deux personnages masculins sont particulièrement mis en avant : Richard ‘Dick’ Blaney (Jon Finch) licencié d’un emploi de barman et Robert ‘Bob’ Rusk (Barry Foster) grossiste en fruits et légumes à Covent Garden (ce dernier acteur ressemble étrangement à Michael Caine – en plus malsain – à qui Hitchcock avait proposé le rôle). Très vite, le film nous livre l’identité du meurtrier. Mais l’un des deux est accusé de crimes qu’il n’a pas commis (même s’il n’est pas tout blanc). Tout le suspens réside dans la façon dont le meurtrier fabrique des preuves accablantes pour se sauver et faire accuser un autre homme.

J’aime particulièrement ce film qui me paraît très original dans la filmographie du ‘maître du suspens’. Je le trouve authentique et ‘cradingue’ (excusez le langage mais c’est vraiment le mot qui me vient à l’esprit par son côté grand-guignol). Les visages des personnages sont laids, sales, poussiéreux et ils transpirent tous sous leurs vêtements orangés, verdâtres et marrons.
Hitchcock, qui n’est plus inquiété par la censure, ne nous fait plus seulement des clins d’oeil lubriques : il insère pour la première fois des scènes sexuelles et de nudité, où les corps de femmes ressemblent à de la viande crue (la nourriture est une grande thématique hitchcockienne). Plusieurs scènes symbolisent parfaitement cela : le corps de la femme étranglée, jeté dans le camion de pommes-de-terre ; la femme du policier qui grignote tout en s’interrogeant sur le cadavre de ‘Babs’…

Hitchcock nous livre ici un ‘sale’ portrait de l’Angleterre des 70’s, similaire à ce que proposait Sidney Lumet la même année dans son incroyable The Offence avec Sean Connery dans son rôle le plus noir (sorti seulement en 2007 en France).

Je vous laisse en compagnie de Sir Alfred. Il va tout vous expliquer…

11 réflexions sur “Rétrospective Hitchcock : Frenzy (1972)

  1. Je te trouve bien gentil le chat, il y a bien longtemps que j’ai vu Frenzy,mais je me rappelle d’un Hitchcock peu inspiré, un film d’un cinéaste « à bout de souffle » 🙂

    • Justement, j’aime ce film d’un papi Hitchcock. Je le trouve moderne et dégling’ pour être le film d’un vieux monsieur… Tout n’est pas parfait, c’est sûr, mais il tente encore des choses à cette époque !

  2. En effet, je vois qu’on a le même avais sur le film. La laideur des couleurs est très seventies. Je me demande ce que ça aurait donné un Hitch sous la période de cette vieille taupe de Thatcher…

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  4. C’est le premier film de Hitchcock que j’ai regardé sans ma mou d’adolescente (le film Psychose en cours d’anglais au collège moyen moyen) et avec toi Chatmasqué ! L’univers m’avait bien plu mais il faudrait que je rafraîchisse ma mémoire pour en dire plus. Bien sûre, je vous rassure, j’ai revu Psychose depuis et ça reste un chef d’oeuvre du suspense !

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